QUAND LA MOQUERIE DEVIENT UNE STRATÉGIE D’INFLUENCE

Written by BELTVHAITI on October 4, 2025

Ces dernières années, les réseaux sociaux ont vu émerger une nouvelle forme de notoriété : celle fondée non sur la créativité, l’expertise ou la bienveillance, mais sur l’humiliation publique. De plus en plus d’individus se revendiquent « influenceurs » en s’illustrant à travers des contenus moqueurs ciblant des anonymes dans la rue, des personnes vulnérables ou simplement différentes. Ce phénomène, aussi viral que problématique, interroge sur les dérives de la quête de visibilité à tout prix.

La logique est simple : plus une vidéo choque, fait rire ou gêne, plus elle est susceptible d’être partagée. Ainsi, les caméras de certains créateurs de contenu deviennent des outils d’humiliation déguisés en divertissement. On rit d’un passant mal habillé, on se moque d’un accent, on piétine la dignité d’un inconnu dans l’espoir de récolter des milliers de « likes ». Le tout, souvent sous couvert de « blague » ou de « social experiment ».

Un autre aspect préoccupant de cette tendance réside dans la manière dont certains extraits de vidéos sont sortis de leur contexte. Des moments anodins ou des interventions bienveillantes sont détournés, coupés, et montés de façon à faire passer leurs auteurs pour des êtres ridicules ou hypocrites. Pire encore, certaines personnes choisissent de cibler des figures respectées – enseignants, croyants, bénévoles, professionnels – simplement parce que leur sérieux ou leur droiture contraste avec l’image que les influenceurs cherchent à imposer. Le bien devient alors une cible facile dans une culture numérique où le cynisme amuse et le respect dérange.

Derrière l’écran, les conséquences sont bien réelles : harcèlement, perte d’estime de soi, isolement. Certains témoignent même de traumatismes durables après avoir été la cible d’un « buzz ». Et pendant que les vues s’accumulent, les plateformes tardent à réagir ou à encadrer ces dérives.

À l’heure où les jeunes sont de plus en plus influencés par les contenus qu’ils consomment, il devient urgent de repenser notre rapport à la notoriété et au rire. Car s’il est sain de rire ensemble, il est dangereux de le faire au détriment de l’autre. Il en va non seulement de notre responsabilité individuelle, mais aussi de la qualité du vivre-ensemble à l’ère numérique.

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